Bellairsia est un genre méconnu de squamate décrit en 1998 par Evans sur la base de plusieurs os désarticulés du Bathonien de la formation géologique de Forest Marble (Oxfordshire, Angleterre). Avec pour espèce type B. gracilis, Bellairsia avait alors été classé comme un scincomorphe indéterminé. Tałanda et ses collègues décrivent ainsi un squelette assez complet du Bathonien de la formation géologique de Kilmaluag (Highland, Ecosse) comme un nouveau spécimen de B. gracilis (NMS G.2022.1.1).

Le squelette est enfermé dans un bloc particulièrement dur et a donc été étudié à l’aide d’une tomographie au synchrotron. Il se compose de la majorité du squelette (environ 70%) et il lui manque notamment la majorité de la queue. L’individu est en grande partie articulé et était à un stade ontogénique proche de l’âge adulte. Il était d’assez petite taille avec une longueur museau-pelvis de 60 à 70 mm. L’absence d’usure dentaire, la disposition des dents et leur morphologie suggère que Bellairsia était un petit prédateur d’invertébrés relativement mous.

L’analyse phylogénétique de Tałanda et ses collègues a retrouvé Bellairsia dans un clade de squamates basaux en compagnie d’Occuludentavis et de Huehuecuetzpalli. La position de Bellairsia en tant que Squamata basal est certaine mais le clade dans lequel il a été retrouvé a une résolution assez fragile. Seules de nouvelles découvertes pourront valider ou non l’existence de ce clade de squamates basaux.

Bellairsia est un apport très intéressant dans notre connaissance de l’évolution des squamates car il s’agit du plus vieux squamate basal connu. Auparavant le seul squamate basal connu était Huehuecuetzpalli de l’Albien du Mexique et plusieurs de ses caractéristiques uniques rendaient son analyse assez complexe. Bellairsia avait été classé à l’origine chez les scincomorphes sur la base de caractéristiques dentaires, aujourd’hui considérées comme plésiomorphes. Tałanda et ses collègues lui décrivent une mosaïque de caractéristiques basales et dérivées. Ces caractéristiques soutiennent le placement de Gekkota comme le clade de squamates le plus basal, une position déjà suggérée par les analyses phylogénétiques moléculaires.
Références : Tałanda, M.; Fernandez, V.; Panciroli, E.; Evans, S.E.; Benson, R.J., 2022, Synchrotron tomography of a stem lizard elucidates early squamate anatomy. Nature.
Evans, S.E., 1998, Crown group lizards (Reptilia, Squamata) from the Middle Jurassic of the British Isles. Palaeontographica Abteilung A. 250: 123–154.
Toutes les images proviennent de Tałanda et al., 2022