Stagonolepis est un genre d’aetosaure du trias supérieur à la large distribution géographique en Europe (Ecosse, Pologne et Allemagne), décrit en 1844 par Agassiz. Il est connu de l’espèce type, S. robertsoni, et d’une seconde espèce décrite en 2010 par Sulej pour du matériel de la formation géologique de Grabowa (Opole, Pologne), S. olenkae. Des études plus récentes comme Lucas et al. (2007) ou Antczak (2016) ont proposé de synonymiser S. olenkae à S. robertsoni sur la base d’une description plus détaillée de l’espèce polonaise qui est en fait très peu différente de S. robertsoni. Toutefois cette synonymie se base principalement sur des caractères crâniens et des membres antérieurs. Desmet et ses collègues étudient ainsi le bassin de S. olenkae pour confirmer ou non la synonymie de l’espèce à S. robertsoni.

Le matériel étudié comprend trois ilia droits (UOPB00148, UOPB00149 et UOPB01141), un ilium gauche (UOPB00150), un pubis droit (UOPB01143), un pubis gauche (UOPB01144) et un ischium gauche (UOPB00154). Une partie de ce matériel appartient à un unique bassin particulièrement bien préservé.

Desmet et ses collègues observent une particularité chez les ilia de S. olenkae. Ils sont chacun de taille différente et l’angle formé entre le côté ventral et le côté latéral de la lame postacétabulaire est de plus en plus petit quand l’ilium est de plus en plus grand. Ce caractère s’avère être présent chez plusieurs autres aetosaures et pourrait représenter un dimorphisme sexuel selon Desmet et ses collègues. Trois de ces ilia présentent des irrégularités qui ne sont pas présentes chez le dernier. Cela pourrait être une zone d’attachement pour la dernière vertèbre dorsale fusionnée à l’ilium. La fusion de cette vertèbre a déjà été rapportée pour plusieurs aetosaures et selon Parker (2007), la présence ou non de ce caractère pourrait également être un dimorphisme sexuel.

Dans sa morphologie générale, le bassin de S. olenkae est identique à celui de S. robertsoni et rend indistinguable ces deux espèces. Toutefois des caractéristiques précises mises en valeur par Desmet et ses collègues pourraient distinguer ces deux espèces mais leur comparaison est difficile en raison du manque de matériel bien préservé. Ils ont pu mettre en évidence de nouveaux caractères utilisables dans une future analyse phylogénétique qui permettra de clarifier la situation entre S. olenkae et S. robertsoni.
Références : Desmet, H.G.B.; Antczak, M.; Bodzioch, A., 2022, Pelvic girdle morphology in Stagonolepis, with remarks on aetosaur systematics. Annales Societatis Geologorum Poloniae. 92.
Agassiz, L., 1844, Monographie des Poissons Fossiles du Vieux Grès Rouge ou Système Dévonien (Old Red Sandstone) des Iles Britanniques et de Russie. Jent et Gassman, Neuchâtel. 171 pp.
Sulej, T., 2010, The skull of an early Late Triassic aetosaur and the evolution of the stagonolepidid archosaurian reptiles. Zoological Journal of the Linnean Society. 158: 860–881.
Lucas, S.G.; Spielmann, J.A.; Hunt, A.P., 2007, Biochronological significance of Late Triassic tetrapods from Krasiejów, Poland. New Mexico Museum of Natural History and Science Bulletin. 41: 248–258.
Antczak, M., 2016, Late Triassic aetosaur (Archosauria) from Krasiejów (SW Poland): new species or an example of individual variation? Osteological description of aetosaur skulls. Geological Journal. 51: 779–788.
Parker, W.G., 2007, Reassessment of the aetosaur ‘Desmatosuchus’ chamaensis with a reanalysis of the phylogeny of the Aetosauria (Archosauria: Pseudosuchia). Journal of Systematic Palaeontology. 5: 41–68.
Toutes les images proviennent de Desmet et al., 2022 à l’exception de de la dernière qui est une œuvre de Scott Hartman