Pathologies sur un métatarsien d’ornithomimosaure

De nombreuses études paléopathologiques ont déjà été menées chez un large éventail de théropodes carnivores, mais celles sur les théropodes omnivores/herbivores sont beaucoup plus rares et ce, malgré leur abondance et la qualité du matériel fossile à disposition. Chinzorig et ses collègues étudient ainsi les pathologies d’un métatarsien II droit isolé (MMNS VP-6332) appartenant à un ornithomimosaure indéterminé du Santonien de la formation géologique d’Eutaw (Mississipi, USA). Le fossile avait déjà été décrit en détail par Chinzorig et al., 2022 et l’individu auquel il appartenait avait été identifié comme un ornithomimosaure de grande taille mais trop fragmentaire pour être nommé (cette description a été évoquée dans cet article).

Métatarsien d’un ornithomimosaure (MMNS VP-6332) présentant diverses pathologies (A- photographie ; B- modèle 3D ; C- mise en valeur de l’os pathologique en vert ; D- scanner CT)

Chinzorig et ses collègues ont effectué un examen anatomique de l’os qui a révélé la présence d’une pathologie sur l’entièreté de la diaphyse de l’os, caractérisée par un dépôt plus important d’os et une surface ondulée et rugueuse. L’imagerie au scanner CT ainsi que les coupes histologiques de l’os ont révélé la présence de plusieurs fractures sur la diaphyse ainsi que de cavités radiotransparentes dans l’os. La croissance de l’os apparaît également perturbée du fait de cette pathologie.

Vue au scanner CT et coupe histologique du métatarsien MMNS VP-6332 montrant la fistule osseuse, l’ostéomyélite et l’ostéonécrose l’affectant

Cette analyse permet d’en déduire que le métatarsien de l’individu MMNS VP-6332 a subi une fracture des suites d’un échec de flexion, et que l’impact a eu lieu initialement sur la partie arrière de la diaphyse de l’os. Des cals de fracture sont observables, structures crées par le corps pour unifier les fragments d’os dus à la fracture, signes d’une guérison avancée. Toutefois cette guérison a subi un retard, probablement causé par une ostéomyélite chronique (infection osseuse) observée sur l’os par Chinzorig et ses collègues. Des agents pathogènes ont également pénétré la fracture, créant ce que l’on appelle une fistule osseuse. Toutes ces complications ont entraîné un retard de guérison et une ostéonécrose partielle de l’os. Il est toutefois impossible de savoir si ces pathologies ont entraîné la mort de l’individu.

Schéma des processus pathologiques ayant affecté MMNS VP-6332 (a- stade initial ; b- évènement de fracture ; c- aperçu des types de fractures affectant l’os ; d- état de l’os au moment de la fracture ; e- vue rapprochée de la fracture ; f- formation de cals de fracture ; g- infection des tissus mous et osseux entraînant la formation de fistules osseux, l’apparition d’une ostéomyélite chronique et une ostéonécrose partielle)

La description de cette paléopathologie est la première mention d’une ostéomyélite chronique pour un ornithomimosaure. Chinzorig et ses collègues signalent que la plupart des pathologies observées chez ce groupe se concentre sur les membres postérieurs. Cette concentration de blessures pourrait fournir de nouvelles indications sur la paléobiologie et le comportement des ornithomimosaures dans une future étude globale.

Références : Chinzorig, T.; Beguesse, K.A.; Canoville, A.; Phillips, G.; Zanno, L.E., 2022, Chronic fracture and osteomyelitis in a large-bodied ornithomimosaur with implications for the identification of unusual endosteal bone in the fossil record. The Anatomical Record. 1–16.

Chinzorig, T.; Cullen, T.; Phillips, G.; Rolke, R.; Zanno, L.E., 2022, Large-bodied ornithomimosaurs inhabited Appalachia during the Late Cretaceous of North America. bioRxiv. 485782.

Toutes les images proviennent de Chinzorig et al., 2022a

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