Redescription de Palacrodon

Palacrodon est un genre assez énigmatique de sauropside du trias inférieur à supérieur, décrit par Broom en 1906 et connu principalement de matériel crânien fragmentaire de l’Antarctique, d’Afrique du Sud et des Etats-Unis. C’est un genre énigmatique mais important pour la biostratigraphie de par sa large répartition géographique et temporelle. Jenkins et ses collègues ont entrepris de redécrire le spécimen le plus complet connu de Palacrodon (BP/1/5296) pour clarifier ses relations phylogénétiques. Ce spécimen avait été nommé à l’origine comme l’holotype de son propre genre baptisé Fremouwsaurus par Gow en 1992, avant qu’il ne le synonymise à Palacrodon en 1999.

C’est un squelette fragmentaire désarticulé découvert dans l’Induen de la formation géologique de Fremouw (Antarctique). A l’origine synonymisé à l’espèce type P. browni, Jenkins et ses collègues signalent que le matériel baptisé Fremouwsaurus ne peut être attribué qu’au niveau générique et doit donc être appelé P. sp. en attendant de nouvelles découvertes. Pour pouvoir étudier les fossiles en détail et découvrir de nouveaux os, Jenkins et ses collègues ont passé le bloc contanant BP/1/5296 au scanner CT.

Cette redescription a permis de mettre en évidence de nouveaux caractères pour Palacrodon, qui ont modifié sa position phylogénétique. Jenkins et ses collègues l’ont retrouvé comme un neodiapside taxon-soeur de Sauria.

La dentition de Palacrodon était hétérodonte avec des dents molariformes et incisiformes, suggérant sans équivoque un régime alimentaire herbivore pour Palacrodon. La morphologie de son ilium est similaire à celle des iguaniens adoptant une posture de bipède facultatif. L’analyse des unguéaux suggère qu’il était terrestre mais la longueur des phalanges est caractéristique des amniotes arboricoles. Ainsi Palacrodon était un bipède facultatif aux capacités de grimpe sur la végétation mais au mode de vie terrestre. Il est intéressant de constater que quasiment aucun amniote n’a occupé de niches écologiques arboricoles durant le Paléozoïque tandis qu’au trias supérieur, ces genres arboricoles sont beaucoup plus nombreux. L’extinction Permien-Trias a non seulement entraîné l’extinction d’une grande quantité d’animaux mais a également dévasté la végétation. L’existence de Palacrodon en tant que genre grimpeur herbivore permet de savoir que la végétation a suffisamment récupéré vite de l’extinction pour permettre le développement de genres avec une écologie liée à elle.

La morphologie de l’étrier de Palacrodon suggère qu’il pouvait entendre des sons à plus haute fréquence que ses ancêtres mais n’allant pas aussi haut que ceux que captent les sauriens plus dérivés. L’articulation des os de son oreille interne laissent penser que Palacrodon ne possédait pas de membrane tympanique. Ces caractéristiques de l’oreille interne sont transitionnels entre les neodiapsides et les sauriens et ont précédé les changements au niveau de l’oreille externe.

Références : Jenkins, K.M.; Meyer, D.L.; Lewis, P.J.; Choiniere, J.N.; Bhullar, B-A., 2022, Re-description of the early Triassic diapsid Palacrodon from the lower Fremouw formation of Antarctica. Journal of Anatomy. 1–18.

Broom, R., 1906, On a new south African Triassic rhynchocephalian. Transactions of the South African Philosophical Society. 16: 21–23.

Gow, C.E., 1992, An enigmatic new reptile from the lower Triassic Fremouw formation of Antarctica. Palaeontologica Africana. 29: 21–23.

Gow, C.E., 1999, The Triassic reptile Palacrodon browni Broom, synonymy and a new specimen. Palaeontologica Africana. 35: 21–23.

Toutes les images proviennent de Jenkins et al., 2022