En 1987, un toit crânien partiel (MPMA 02–0005/87) est découvert près de Monte Alto, dans le Maastrichtien de la formation géologique de Marília (Sao Paulo, Brésil). De par sa taille et sa nature fragmentaire, le fossile a d’abord été interprété comme un fragment de crâne de sauropode. En 2016, Iori et Campos le décrivent sommairement par rapport au autres notosuchiens brésiliens et le considèrent comme un crocodylomorphe indéterminé. Fachini et ses collègues décrivent ainsi entièrement le fossile sous le nom de Titanochampsa (en référence à sa taille) avec T. iorii pour espèce.

L’analyse phylogénétique de Fachini et ses collègues place Titanochampsa au sein des eusuchiens, dans une position indéterminée. Toutefois, au vu de la nature fragmentaire des restes connus du genre, ils préconisent de le considérer au moins comme un neosuchien potentiel et plus prudemment comme un mesoeucrocodylien indéterminé. Leur seule certitude majeure est que Titanochampsa n’est pas un notosuchien, ce qui est surprenant puisque jusque là les seuls grands crocodylomorphes du crétacé supérieur sud-américain étaient des membres de ce clade.

Les grandes fenêtres supratemporales de Titanochampsa signalent la présence de grands muscles de la mâchoire, qui lui auraient conféré une forte morsure. Les affinités probables de Titanochampsa avec les neosuchiens lui suggère une écologie semi-aquatique, ce qui est cohérent avec l’environnement de plaines semi-arides traversées par de grands cours d’eaux de la formation géologique de Marília. Fachini et ses collègues ont tenté d’estimer grossièrement la taille de T. iorii, qui s’est avérée être comprise entre 3 et 7 mètres de longueur en fonction du groupe auquel il peut appartenir. L’existence de Titanochampsa, peut-être semi-aquatique, marque un changement faunique chez les crocodylomorphes à la fin du crétacé au Brésil, probablement lié à une augmentation de l’humidité.

Titanochampsa était donc potentiellement un grand prédateur semi-aquatique chassant en embuscade et se servant de sa forte morsure pour emprisonner ses proies. Il vivait en compagnie de tortues, d’autres crocodylomorphes, de dromaeosauridés, d’abelisauridés et de sauropodes titanosaures.

Références: Fachini, T.S.; Godoy, P.L.; Marsola, J.C.A.; Montefeltro, F.C.; Langer, M.C., 2022, A large-sized mesoeucrocodylian from the Late Cretaceous of Brazil with possible neosuchian affinities. Historical Biology.
Iori, F.V.; Campos, A.C.A., 2016, Os crocodiliformes da Formação Marília (Bacia Bauru, Cretáceo Superior) na Região de Monte Alto, estado de São Paulo, Brasil. Revista Brasileira de Paleontologia. 19(3): 537–546.
Toutes les images proviennent de Fachini et al., 2022 à l’exception de la dernière qui est une œuvre de Julia d’Oliveira