Les pachycephalosaures sont pour la plupart connus seulement par le dôme de leur crâne, et peu de choses sont connues de leur squelette postcrânien alors qu’il est particulièrement atypique. C’est pour étudier le fonctionnement morphologique du corps des pachycephalosaures que Moore et ses collègues ont étudié un spécimen (UALVP 2) quasi complet de Stegoceras validum, provenant de la formation géologique d’Oldman (Alberta, Canada). Le point principal de leur étude est la myologie (l’étude des muscles) de Stegoceras, en se basant sur les marques d’attachement des muscles sur les os fossiles et des comparaisons avec des animaux actuels (crocodiles et oiseaux).

La musculature de Stegoceras correspond globalement aux normes chez les dinosaures et se rapproche de celles des autres ornithischiens bipèdes. Les adaptations des muscles des membres antérieurs semblent indiquer des mouvements pour saisir et manipuler de petits aliments (probablement des végétaux à feuilles). Moore et ses collègues n’ont pas remarqué d’adaptations particulières, Stegoceras ne présentait donc aucune spécialisation du membre antérieur.

En revanche, la zone du bassin de Stegoceras comporte plusieurs particularités, interprétées par Moore et ses collègues comme des adaptations pour un comportement intraspécifique de coups de tête ou de flanc. La morphologie des vertèbres est compatible avec une rigidification de la colonne vertébrale, pour maintenir une position droite lors de coups de tête et ainsi limiter les risques de blessures aux vertèbres liées aux chocs. Son bassin large et ses membres postérieurs sont des signes d’un abaissement du centre de gravité, qui aurait fourni une meilleure stabilité pour porter des coups de tête. Au niveau musculaire, Moore et ses collègues ont remarqué que les muscles des membres postérieurs étaient bien développés, fournissant une meilleure stabilité et une grande force de poussée. Les muscles du bassin sont construits d’une manière particulière qui aurait renforcé la position bipède de Stegoceras tout en solidifiant sa colonne vertébrale. Les attaches de certains ligaments suggèrent également un renfort de leur position pour éviter les blessures liées à des contraintes régulières (comme par exemple des coups de tête).

Ces caractères permettent de plaider en faveur de l’hypothèse de l’utilisation du dôme crânien des pachycephalosaures dans des combats intraspécifiques. Ce qui renforce également cette hypothèse, c’est le fait que les autres ornithischiens ne présentent pas ces adaptations. Leur présence est donc expliquée par Moore et ses collègues comme faisant partie d’un scénario adaptatif des pachycephalosaures lié à un comportement intraspécifique axé sur les coups de tête. Cette étude sur Stegoceras est à corroborer avec de futures études sur d’autres squelettes de pachycephalosaures pour confirmer les observations de Moore et ses collègues.
Référence : Moore, B.R.S.; Roloson, M.J.; Currie, P.J.; Ryan, M.J.; Patterson, R.T.; Mallon, J.C., 2022, The appendicular myology of Stegoceras validum (Ornithischia: Pachycephalosauridae) and implications for the head-butting hypothesis. PLoS ONE. 17(9): e0268144.
Toutes les images proviennent de Moore et al., 2022 à l’exception de la première qui est une œuvre de Michael B. H.