Nouveau matériel de Boremys pulchra

Boremys est une tortue de la famille des baenidés, du Campanien de plusieurs formations géologiques du Canada et des Etats-Unis. En 2011, Lyson et ses collègues ont rapporté la présence du genre dans le Maastrichtien des formations géologiques de Hell Creek et Fort Union (Dakota du Nord, USA), mais ce matériel n’était pas assez complet pour être référé à une espèce précise et fut référé à Boremys sp.. Actuellement, il existe deux espèces valides de Boremys : B. pulchra, présente au nord de Laramidia et B. grandis, présente au sud. Cette répartition nord-sud est d’ailleurs un autre exemple du phénomène de provincialisation des faunes à Laramidia, avec des différences notables entre les faunes du nord et du sud. Un morceau de plastron (RAM 27109) découvert en 1994 dans le Maastrichtien de la formation géologique de Hell Creek (Montana, USA), a ainsi été assigné à B. pulchra par Adrian.

Spécimen RAM 27109 de B. pulchra décrit par Adrian

La taille des spécimens de Boremys sp. se rapproche de B. grandis mais leurs caractères sont presque identiques à B. pulchra. Les spécimens de B. sp. sont distincts de B. pulchra sur la base de la taille et ne peuvent lui être référés en l’absence de fossiles plus explicites. RAM 27109 peut quand à lui se référer à B. pulchra sans ambigüité et permet d’affirmer sans aucun doute que B. pulchra était présent au Maastrichtien supérieur. A noter que la majorité des baenidés de la formation géologique de Hell Creek a survécu à l’extinction Crétacé-Paléogène, ce qui laisse penser que B. pulchra a fait de même, mais ce point relève de la spéculation. Pour ce qui est de B. sp., Adrian en a conclu que ces spécimens représentent probablement une nouvelle espèce de Boremys ou même un nouveau genre.

Marques de l’ectoparasite Karethraichnus lakkos sur RAM 27109 (marques numérotées sur le dessin)

Des marques d’un ectoparasite présentes sur RAM 27109 ont été identifiées comme l’ichnotaxon ( taxon décrit à partir de traces ) Karethraichnus lakkos par Adrian. Ce type de marques est courant chez les tortues fossiles du crétacé et du début du Cénozoïque et correspondent à des marques de différents parasites comprenant les tiques et les sangsues notamment. Ces parasites se nourrissent du sang qui irrigue la carapace des tortues modernes, particulièrement aux jointures des écailles. Les marques de Karethraichnus lakkos sur RAM 27109 sont observables sur la surface externe de la carapace, sur les jointures entre les écailles, ce qui a permis à Adrian d’associer ces marques à des activités de parasites du vivant de l’animal plutôt qu’à un charognage.

Boremys pulchra était une petite tortue généraliste d’eau douce, assez rare dans son environnement, et vivait au fond des cours d’eau. Ce mode de vie proche des sédiments rendait cette espèce plus susceptible d’être parasitée par les Karethraichnus lakkos. Toutefois, des études manquent encore pour connaitre l’effet de ces parasites sur la santé et le comportement des tortues.

Références : Adrian, B., 2022, Stratigraphic range extension of the turtle Boremys pulchra (Testudinata, Baenidae) through at least the uppermost Cretaceous. Fossil Record. 25(2): 275–285

Lyson, T.R.; Joyce, W.G.; Knauss, G.E.; Pearson, D.A., 2011, Boremys (Testudines, Baenidae) from the latest Cretaceous and Early Paleocene of North Dakota: An 11-million-year range extension and an additional K/T survivor. Journal of Vertebrate Paleontology. 21: 729–737

Toutes les images proviennent d’Adrian, 2022

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